il y a des rats partout. la psychose s'installe très vite, il fait un froid sibérien et courir si un rat mutant s'approche de nous est tout bonnement impossible. un clochard vient vers nous et nous offre des sardines avec des carottes râpées. c'est le monde à l'envers. bientôt, il nous fait un cours d'histoire sur la guerre d'algérie qui a été censurée par nos profs ou par nos oreilles, et les sacs plastique qui ressemblent à des rats, on les oublie.
porte de la villette, samedi six, l'autre me dit que ça fait deux ans qu'il me voit par ci par là, et qu'il a jamais été assez ivre pour oser venir me parler. je lui demande s'il l'est assez aujourd'hui et il répond, non, mais toi tu l'es, enfin, on dirait. je ris. et mon sourire est si joli qu'il ne peut pas être celui d'une fille bourrée. le barman, que j'ai la chance de connaître, ne s'y prendrait pas autrement s'il voulait me violer : dès que j'approche du bar, il m'offre une bière. ce type est tellement beau que n'importe qui le prendrait pour une pédale.
montparnasse, vendredi treize, la carte bancaire ne passe pas au monoprix. on veut juste du jus de pamplemousse. un type noir à béret rouge passe devant moi et sourit au ciel comme s'il le remerciait de quelque chose. il s'approche vers moi, me serre la main. c'est vrai que j'ai pas vécu de grandes choses dans ma vie mais, ne pas se faire rentrer dedans par quelqu'un dans paris, pire, se faire serrer la main par un inconnu même pas bourré, c'est effarant.
montparnasse, vendredi treize, la carte bancaire n'est pas passé mais il reste une clope à b. le noir arrive vers nous avec son béret rouge et prend la main de b comme il prendrait celle d'un nourrisson. délicatement, il y glisse une pièce de deux euros et b. rit super fort parce que cette journée n'est pas si dégueulasse. les gens nous regardent bizarrement : rire à paris, ça ne se fait pas.
montparnasse, deux jours plus tôt. on a adopté un chat qu'on a appelé pauly et qui nous aime même si on pue. b dit, il y a deux euros dans le trou là. les deux euros seront les miens puisque mes mains sont les plus fines.
cet endroit devient l'endroit des deux euros.
montreuil, il y a un an, p dit, va pas croire que j'ai des problèmes juste parce que toi t'en as.