quand maman est tombée, j'ai eu le réflexe un peu idiot de lui poser ces questions qu'elle-même avait posées dix sept ans auparavant à un type qui s'était viandé sous nos yeux. foutu verglas. des questions qui dans la plupart des cas, installent de suite une complicité, du style « vous avez des enfants vous aussi ? combien ? quel âge ? ». le genre de questions rassurantes auxquelles vous répondez volontiers ; pas de « vous faîtes quoi comme boulot ? » ou autre, car maman se doutait bien que la raison pour laquelle ce pauvre zigue gisait ainsi à terre était justement qu'il n'avait pas voulu y arriver en retard, au boulot. elle s'en doutait parce qu'elle aussi était à la bourre ce matin-là, et qu'elle aussi avait voulu courir telle une biche en danger pour avoir son train. fort heureusement pour elle, moi, me presser et tomber, c'était pas trop mon truc à l'époque.
maman a donc enchaîné toutes sortes de questions susceptibles de faire oublier au quidam qu'il était en train d'attendre les pompiers, la tête sur les genoux d'une inconnue, le cul dans la glace, et étant donné le sourire de bambin qu'il nous a adressé en disparaissant dans le camion rouge, la technique est infaillible. in-fail-li-ble, alors quand maman est tombée, c'est tout naturellement que j'ai reproduit ce que mes yeux de môme avaient vu ce jour-là :
maman a donc enchaîné toutes sortes de questions susceptibles de faire oublier au quidam qu'il était en train d'attendre les pompiers, la tête sur les genoux d'une inconnue, le cul dans la glace, et étant donné le sourire de bambin qu'il nous a adressé en disparaissant dans le camion rouge, la technique est infaillible. in-fail-li-ble, alors quand maman est tombée, c'est tout naturellement que j'ai reproduit ce que mes yeux de môme avaient vu ce jour-là :
- t'as des enfants ?
- oui
- combien ?
- euh, avec le chien, ça fait trois.
tu ne peux plus utiliser le mot biche comme ça. c'est trop dur. te tape pas ali stoplait.